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de Palestine

Entre le 25 juin et le 2 juillet, une dizaine d’habitant·es de Mauléon et de Soule s’est rendue sur le territoire palestinien dans le cadre d’une délégation organisée par l’AJPF (Association de Jumelage Palestine France).

Animé·es du même désir de mieux connaître les conditions de vie des populations palestiniennes et de leur exprimer l’amitié et le soutien de Mauléon et de la Soule, ces élu·es et citoyen·es d’horizons divers ont vécu, au cours de cette trop brève semaine, des moments d’une rare humanité. Témoignage :


Un accueil partout extraordinaire…

 

« C’est un honneur de vous recevoir, vous qui êtes venus de si loin pour prendre acte de ce qui se passe ici. » Cette phrase prononcée par le chef de la municipalité d’Anata (village de la banlieue est de Jérusalem), dès notre première matinée en Palestine, est à l’image de l’accueil qui nous a été réservé dans chaque village et chaque camp de réfugiés où nous nous sommes rendu·es.

 

À Anata, comme dans les camps de Jalasone (banlieue de Ramallah), de Nur Shams (près de Tulkarem), d’Al-Arroub et d’Aida (à proximité de Bethléem), de Balata bien sûr et dans tant d’autres endroits de Palestine, un accueil d’une grande chaleur et en même temps d’une grande solennité nous a toujours été réservé.

En présence d’habitant·es et de membres d’associations essentielles à la vie quotidienne des populations (associations de femmes engagées dans des missions d’éducation et d’entraide, associations œuvrant à l’éducation des enfants en situation de handicap, associations culturelles ou sportives…), les représentant·es des municipalités ou des comités populaires que nous avons rencontrés ont toujours tenu à saluer notre présence comme une marque de la nécessaire solidarité internationale, qui continue de nourrir la résistance de la population après tant de décennies d’occupation.

Faisant montre d’une culture historique, politique et géopolitique remarquable, tous les discours de bienvenue qui nous ont été adressés livraient en même temps une analyse très lucide de la situation politique en Palestine et en Israël et de l’immobilisme coupable de la communauté internationale (États-Unis, Union Européenne, France…).

Preuve que les palestinien·nes restent debout et tourné·es vers l’avenir, nos hôtes mettaient un point d’honneur à nous faire visiter les infrastructures de leur village ou de leur camp, bâties le plus souvent grâce à la participation active des habitant·es et les maigres financements émanant de la communauté internationale : une salle collective accueillant les fêtes et les mariages, un local dédié à l’éducation des enfants en dehors des horaires scolaires, un siège associatif consacré aux soins des enfants en situation de handicap, une serre fournissant à plusieurs familles un supplément de revenu salvateur. Ces rencontres nous ont permis à chaque fois de mesurer la vitalité de la société palestinienne et son impressionnante capacité à s’organiser collectivement pour résister au quotidien.

…Malgré des conditions de vie quotidienne insupportables

 

Très vite cependant, les sourires de bienvenue faisaient place à des visages plus graves lorsque nos hôtes nous racontaient leur quotidien marqué par l’arbitraire d’une occupation militaire permanente qui rend l’existence de la population palestinienne proprement insupportable.

 

Les habitant·es d’Anata ont ainsi évoqué, images satellites à l’appui, l’encerclement pur et simple de leur village par le mur de séparation construit par Israël en 2004. Ce mur long de plus de 700 kilomètres et qui s’avance jusqu’à 23 kilomètres à l’intérieur du territoire palestinien empêche tout bonnement les habitant·es du village de se rendre dans les villages palestiniens voisins, les contraignant à emprunter l’unique point d’accès, le check-point tenu par l’armée israélienne (on dénombre plus de 500 check-points sur les territoires palestiniens).

De même, le récit d’un habitant du camp de Jalazone qui, au détour d’une conversation, nous a raconté l’incursion menée la veille au soir d’une patrouille israélienne dans le camp au cours de laquelle l’un de ses fils a reçu au visage une balle, heureusement en caoutchouc.

Ou encore le récit d’un jeune homme du camp d’Aida qui échangea longuement avec nous sur le toit d’un bâtiment du camp transformé en bibliothèque, en salles de musique et en musée dans lequel il est possible d’acheter des bijoux confectionnés à partir du métal des grenades lacrymogènes qui pleuvent régulièrement sur le camp. De ce point de vue surplombant tout le camp et les alentours, il nous indiqua, par-delà le mur de séparation, la présence d’une colonie israélienne sur des terres qui abritaient il y a peu des champs d’oliviers exploités par les habitants du camp. Il nous fit remarquer que les bâtiments israéliens n’étaient pas, contrairement aux habitations du camp, munis de réservoirs d’eau sur les toits, car les colons israéliens bénéficient de l’eau courante 24h sur 24 quand les palestiniens sont contraints de stocker l’eau qui ne coule chez eux que 2h à 3h par jour.

 

À Balata, ce sont de nombreux habitants emprisonnés dans les prisons israéliennes ou des incursions régulières de l’armée dont nous ont parlé nos interlocuteurs. Parmi les 15 membres du comité populaire qui administre le camp, plusieurs ont effectué de longs séjours en prison ou comptent, parmi leur famille, des victimes de l’armée israélienne. C’est notamment le cas des deux membres féminins du comité populaire qui ont respectivement perdu un mari et un frère, tombés sous les balles des soldats israéliens.

Une mémoire plus vivace que jamais

 

Des récits de ce type, qui permettent de prendre la mesure des effets terribles de l’occupation des territoires palestiniens par l’armée israélienne ou par des colons radicalisés, nous en avons entendu des dizaines. Pourtant, loin de fuir ces conditions de vie insupportables et de renoncer à demeurer sur le sol palestinien, la population résiste avec un courage et une énergie remarquable. Les écoles palestiniennes (financées par l’autorité palestinienne ou par les Nations Unies) dispensent une éducation de très bonne qualité tandis que les familles s’attachent à transmettre la mémoire de la Nakba de 1948. Chaque enfant palestinien connaît ainsi parfaitement la ville ou le village que ses ancêtres ont dû quitter précipitamment quelques 75 ans plus tôt.

Symbole de cette mémoire toujours vivace, la clé est un objet que l’on retrouve partout en Palestine : à l’entrée des camps de réfugié·es, au milieu des ronds-points, en pendentifs… Tous les palestiniens qui ont vécu la Nakba et qui ont été contraints de quitter précipitamment leur domicile l’ont fait en emportant la clé de leur logement. Transmises ensuite de génération en génération, ces clés sont devenues le symbole du droit au retour que revendiquent tous les réfugié·es et leurs descendants.

Les populations de Palestine comptent sur chacun·e de nous

 

Que ce soit le Premier ministre de l’autorité palestinienne qui a reçu notre délégation, les ONG, les élus à la Knesset et les membres de partis politiques israéliens que nous avons rencontrés, ou encore les habitants de Jérusalem Est menacés d’expulsion avec lesquels nous avons échangé, chacun de nos interlocuteurs exprime un même souhait : que la situation de la Palestine soit connue à travers le monde afin que la Palestine obtienne, par un soutien international à la mesure de l’étau qui l’enserre depuis tant d’années, la reconnaissance de son existence et de sa souveraineté sur les territoires qui étaient les siens en 1967.

 

Les besoins de la Palestine sont énormes en termes de financement d’infrastructures, d’accès à l’eau et de développement économique. Cependant, ce n’est pas la charité que réclament les palestinien·nes, ce n’est pas la mise en place de ponts aériens humanitaires. C’est avant toute chose la reconnaissance de la Palestine comme un État souverain, maître de son territoire et de son développement. Cela passe par l’interpellation de nos propres gouvernants pour qu’ils s’engagent sur la voie d’une reconnaissance de la Palestine comme un État ayant Jérusalem Est comme capitale. Cela passe aussi par une pression de tous les instants exercée sur l’État d’Israël pour qu’il se soumette enfin aux règles du droit international et qu’il cesse de maintenir un système d’apartheid qui privent les palestinien·nes de leurs droits les plus élémentaires.

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